En Isère 21,5 % de l’eau potable est perdue.
Si l’UFC-Que Choisir n’a de cesse, année après année, de dénoncer la pression de l’agriculture intensive et de l’irrigation sur l’eau, tant en termes de quantité que de qualité (pollution), l’association épingle aujourd’hui un autre mal pour la préservation de la ressource : l’état des réseaux de canalisation.
Alors que le ministère de la Transition écologique indique que notre département subira très probablement une nouvelle sécheresse cet été, l’UFC-Que Choisir du Nord-Isère dénonce aujourd’hui ‘’ La fuite en avant ! ’’ pour alerter sur le niveau préoccupant des pertes d’eau potable dans l’Isère, 21,5 % disparaissant à cause des fuites des canalisations. Cette précieuse ressource devant être plus que jamais économisée alors que notre climat change à un rythme accéléré, l’Association demande aux pouvoirs publics de mettre en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux. Elle lance par ailleurs une action de sensibilisation de l’opinion publique.
L’impact de l’évolution climatique se fait désormais sentir de manière très concrète sur notre approvisionnement en eau. L’été dernier, le département de l’Isère a été officiellement placé en situation de crise entrainant dans certaines zones un arrêt total de l’irrigation et des usages d’eau non prioritaires.
Avec 21,5 % de pertes, le département de l’Isère se classe au-dessus de la moyenne nationale.
Sur l’ensemble du département, 21,5 de l’eau potable sont perdus à cause des fuites de canalisation soit un taux de fuite supérieur à la moyenne nationale qui est d’un litre sur 5 perdu (19,9 %). Ces pertes considérables représentent chaque année l’équivalent de la consommation en eau des villes de Grenoble, Saint Martin D’Hères, Échirolles ou encore de Bourgoin-Jallieu.
Les canalisations en matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment) représentent en effet plus de la moitié (55 %) du réseau français et une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient dû être remplacées. En 2019 les Assises de l’Eau ont fixé l’objectif de renouveler 1 % du réseau national par an. Mais dans l’Isère, 92 % des communes sont en-dessous de cet objectif national.
Plan de rénovation des réseaux : une volonté politique en fuite.
Avec la suppression totale en 2016 de l’aide en matière d’ingénierie apportée par les services de l’État (connaissance de l’état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d’ouvrage…), les communes sont désormais seules responsables de l’entretien des réseaux. Si les grandes et moyennes collectivités peuvent être en capacité de mobiliser les moyens humains et financiers pour assurer la gestion de leur réseau, tel n’est pas le cas des plus petites communes qui ont les plus grandes difficultés à connaître l’état de leur réseau ou à financer sa rénovation.
Dans le cadre du plan Eau, le Président de la République a bien évoqué le sujet des fuites d’eau, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2.5 à 3 milliards annuels, le Président a annoncé 180 millions d’euros, ciblés sur les plus petites communes… bref, une goutte d’eau !
Dans un contexte de raréfaction manifeste de la ressource, il est plus que jamais indispensable et urgent de limiter les pertes d’eau potable. A cet effet, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :
- Un renforcement des aides de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée aux collectivités prioritaires en termes de raréfaction de la ressource et de fuites ;
- Une augmentation du budget de l’agence en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels ;
- Un développement de l’appui technique du département aux petites communes ;
- Des objectifs plus ambitieux en termes de taux de pertes autorisés et de connaissance de l’état des réseaux par les communes.